mercredi 18 novembre 2015

La culture : une rencontre de l’autre et une rencontre de soi simultanée. Contre ce mal radical provoquant la terreur, la culture est absolument nécessaire. Etre sujet de culture ce n’est pas seulement acquérir des connaissances mais accéder à une pensée symbolique. Autrement dit, posséder des qualités de mise à distance des pulsions et du corps primaire. Pour le dire simplement, telle cette balle roulant sous le canapé, il s’agit de rendre présent des objets maintenant disparus. De nommer, manipuler l’absence. Mettre en relation des objets de pensée non visible. N’oublions pas, rappelle le pédagogue, combien l’intelligence dans ses racines même « Intelligere » appelle aux liens, signifie relier. L’œuvre de culture, insiste-t-il, relie : lie au passé, lie par l’écoute dans ce partage avec les autres – et c’est déjà une forme de création d’un collectif - lie par l’histoire des hommes où l’élève peut se retrouver. Enfin, par l’indentification aux personnages lie à soi-même : l’élève pouvant se comprendre, se trouver, analyser son chaos psychique. Bref, les humanités provoquent une mise à distance. Une pensée réflexive. Une capacité d’anticipation. Cette capacité de sortir de la pulsion primaire pour, enfin, entrer dans la pensée. Cela n’est pas sans lien, fait remarquer le professeur des universités, avec les travaux de Martha Nussbaum lorsqu’elle présente les fonctions de la littérature dans un ouvrage intitulé : « Les Émotions démocratiques. Comment former le citoyen du XXIe siècle ? ». La chercheuse y montre et démontre à quel point les enfants qui basculent dans la violence, dans le terrorisme, pas forcément physique mais également psychique comme la mise à l’écart des autres ou l’humiliation, sont des enfants qui manquent de « compassion ». Malheureusement, en France, le mot n’a pas bonne presse. On voit la compassion comme dévoiement, charité… Pourtant sa racine grecque et latine, loin d’être péjorative ou négative, donne l’empathie. C’est-à-dire, explicite Philippe Meirieu en reprenant l’expression de Paul Ricœur, une capacité de voir « L’autre comme soi-même et soi-même comme un autre. ». Cette possibilité de savoir se mettre à la place de l’autre mais sans s’y perdre. Etre capable de percevoir la blessure que l’on fait à l’autre et la ressentir sans pour autant se confondre avec lui. Découverte d’une altérité « identité ». Développement d’une écoute permettant de tresser ensemble, construire, des relations qui ne seront jamais complétement pacifiées mais peuvent se résoudre par le dialogue et la compréhension. Faire émerger suffisamment d’espérance pour - par contagion - nous décourager de la violence. C’est donc voir l’homme différemment. L’entendre à la manière de Lévinas comme « Eventualité pure et sainte », « une pure éventualité ». L’humain est alors une pure éventualité. Aussi, dans le monde de la violence, dans le monde du fermé sur soi, dans le monde de la lutte pour la vie, faire exister l’humain « pure éventualité et éventualité pure » par le biais d’une rencontre de quelque chose… avec un je-ne-sais-quoi. Par exemple à travers la culture, laquelle est toujours une rencontre de l’autre et une rencontre de soi simultanément. Contribuer à faire émerger un sujet de paix et non plus un sujet de guerre.


Merci de l'accord gracieux de Philippe Meirieu
Chers lecteurs, 

Désolé pour cette apparition inexplicable du texte en double... 
Dieu informatique a des logiques impénétrables...
Bonne lecture(bis)


La culture : une rencontre de l’autre et une rencontre de soi simultanée.

Contre ce mal radical provoquant la terreur, la culture est absolument nécessaire.
Etre sujet de culture ce n’est pas seulement acquérir des connaissances mais accéder à une pensée symbolique. Autrement dit, posséder des qualités de mise à distance des pulsions et du corps primaire. Pour le dire simplement, telle cette balle roulant sous le canapé, il s’agit de  rendre présent des objets maintenant disparus. De nommer, manipuler l’absence. Mettre en relation des objets de pensée non visible. N’oublions pas, rappelle le pédagogue, combien l’intelligence dans ses racines même « Intelligere » appelle aux liens, signifie relier.
L’œuvre de culture, insiste-t-il, relie : lie au passé, lie par l’écoute dans ce partage avec les autres – et c’est déjà une forme de création d’un collectif - lie par l’histoire des hommes où l’élève peut se retrouver. Enfin, par l’indentification aux personnages lie à soi-même : l’élève pouvant se comprendre, se trouver, analyser son chaos psychique.
Bref, les humanités provoquent une mise à distance. Une pensée réflexive. Une capacité d’anticipation. Cette capacité de sortir de la pulsion primaire pour, enfin, entrer dans la pensée.
Cela n’est pas sans lien, fait remarquer le professeur des universités, avec les travaux de Martha Nussbaum lorsqu’elle présente les fonctions de la littérature dans un ouvrage intitulé : « Les Émotions démocratiques. Comment former le citoyen du xxie siècle ? ». La chercheuse y montre et démontre à quel point les enfants qui basculent dans la violence, dans le terrorisme, pas forcément physique mais également psychique comme la mise à l’écart des autres ou l’humiliation, sont des enfants qui manquent de « compassion ».
Malheureusement, en France, le mot n’a pas bonne presse. On voit la compassion comme dévoiement, charité…
Pourtant sa racine grecque et latine, loin d’être péjorative ou négative, donne l’empathie. C’est-à-dire, explicite Philippe Meirieu en reprenant l’expression de Paul Ricœur, une capacité de voir « L’autre comme soi-même et soi-même comme un autre. ». Cette possibilité de savoir se mettre à la place de l’autre mais sans s’y perdre. Etre capable de percevoir la blessure que l’on fait à l’autre et la ressentir sans pour autant se confondre avec lui. Découverte d’une altérité « identité ». Développement d’une écoute permettant de tresser ensemble, construire, des relations qui ne seront jamais complétement pacifiées mais peuvent se résoudre par le dialogue et la compréhension.
Faire émerger suffisamment d’espérance pour - par contagion - nous décourager de la violence.
C’est donc voir l’homme différemment. L’entendre à la manière de Lévinas comme «  Eventualité pure et sainte », « une pure éventualité ».   
L’humain est alors une pure éventualité.
Aussi, dans le monde de la violence, dans le monde du fermé sur soi, dans le monde de la lutte pour la vie, faire exister l’humain « pure éventualité et éventualité pure » par le biais d’une rencontre de quelque chose… avec un je-ne-sais-quoi. Par exemple à travers la culture, laquelle est toujours une rencontre de l’autre et une rencontre de soi simultanément.

Contribuer à faire émerger un sujet de paix et non plus un sujet de guerre.

Vidéo




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Le vivre ensemble est un enjeu fondamental depuis que ce récit, ces valeurs transcendantes, la verticalité  qui nous tenait ensemble a disparue.
A présent, il nous faut bien aménager l’horizontalité, contrer l’« Homo homini lupus est », faire en sorte que  la société de soit pas un terrain miné, un champ de bataille où l’homme est un loup pour l’homme. Comment éduquer après « la mort de dieu », ce dieu légitime qui instituait, nous faisait tous tenir ensemble.
On peut vivre ensemble dans la « juxtaposition des indifférences. »  Ou choisir une autre voie/ voix. Ce qui construit le collectif, c’est peut-être ce faire – culture - ensemble…


Quel avenir pour l'école ? Citephilo 2015
En partenariat avec Les Rencontres Citephilo 2015

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MarthaNussbaum, 

Les Émotions démocratiques. Comment former le citoyen du xxie siècle ?



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