mercredi 23 janvier 2019

Éloge de l'amour par Alain Badiou.



Faut-il, vraiment, défendre l’amour ?

Après tout, dans un monde dénué de scrupules, ce sentiment tinté de rose ne serait-il pas hypocrite ? Après tout, ne pourrait-on pas apparenter l’amour à de puériles bienveillances ? A de pénibles enfantillages ? Ou bien encore à de cupides offrandes posées au sein d’un âtre mielleux ?
Bref, l’amour ne serait-il pas une fadaise guidée par de sombres calculs ? L’assurance de recevoir en échange de pensées doucereuses, superficielles, quelques récompenses divines ? Autrement dit, troquer des bons sentiments contre quelques méritants cadeaux ?

Pour Alain Badiou, il n’en est rien.

Nos identités sont forgées de relations complexes.
Enfermés dans le corps de nos pensées, nous avons parfois du mal à nous libérer de nos propres positions.
En ce sens, si l’échange est déjà un gain, l’amour offre de plus puissantes perspectives encore.
Celles, par exemple, de la connaissance de l’autre, du dépassement de son petit intérêt, ou encore l’assurance de s’affranchir de ses propres frontières  afin d’entendre l’autre.

En effet, aimer nécessite de s’effacer. De penser l’autre – de douter d’un pas – de trembler, d'hésiter, de se poser des questions. Bref, de tenir compte davantage des différences que l'on peut entretenir avec l'autre que d'inventorier de stériles similarités, puisque déjà présentes.

Dans cet échange de consciences plurielles, le passage d’âme à âme n’est pas impossible. Formant autant d’interrogations saisissantes. Autant d’expansions de soi.  Autant de traits arrachés au marbre de nos vies. Autant de saisissements sans vanité. Autant de traversées riches et passionnantes. Autant d’expression nous touchant en profondeur...

       ... De quoi provoquer des hordes de chamboulements et bien des émerveillements.

Merci à Alain Badiou et Pascal Claude de leurs aimables accords.