vendredi 19 février 2016

Apprendre à souffrir les douleurs qui nous sont épargnées.



L’humanité n’est-elle en perpétuelle discussion ? Discussion avec les aléas du quotidien…
Discussion avec son voisin lorsqu’une poubelle se renverse un jour de grand vent. Discussion avec ses enfants lorsqu’il s’agit d’aller se laver les dents et de se coucher. Discussion sur le nombre de dossiers à traiter au bureau.  Dans ce monde d’interactions en ricochets,  les évènements rebondissent, sans  empruntes ni prises. Balancier perpétuel de l’un – UN - à l’autre - AUTRE. Glissade ping-pong de congénère à congénère tout en défense de points de vue, de  confrontations d’idées.  Face à face en termes à contre terme ; territoire gardé à terre clôturée.
 Malheureusement, trop souvent, seule la vision d’une image « choc » peut venir briser la carapace de ce monde en soi clos. De la vision cataclysmique surgit l’instant d’altérité…   Entrée fracassante en détresse d’autrui.  Conversion foudroyante du regard.  Et change – Echange, au sens propre.  Autrement dit : laisser un pan de soi et prendre une part de l’autre.  

Soudain, la lointaine proximité fait frémir…  Altère… Durablement ? 








2 commentaires:

  1. Je lis souvent la scène de l'hôpital : les souffrances de l'enfant : et ce qu'en disent les gens qui sont autour du lit. (Si je me souviens bien le lecteur doit attendre les trois quarts du roman La peste pour connaître le nom du narrateur : ce qui n'est pas le cas dans Jugan de Jérôme Leroy : le lecteur ne connaîtra jamais le nom de celui qui raconte.)

    Chère Virginie (le chêne parlant quoi que...) votre commentaire poème de On ne meurt pas chagrin de l'autre jour est parfait. Je le cite ici en entier :

    Le passage zébré du désespoir hante les nuits peuplées d’esprits.

    Quand les pensées frappent à coups de poings rageurs le corps cireux du perdu
    Révolte élancée contre le figé,
    Energie bravant l’inertie,
    Mouvement de détresse jeté sur le glaçant,
    Chair heurtant le pavé de ce qui a été, battant ce qui n’est plus, cognant avec effroi les silences de pierre,
    Inutile tentative de soulever le couvercle d’une perte trop lourde.


    Je cite maintenant l'extrait d'un commentaire de Soluto à propos de On ne meurt pas de chagrin :
    On avait passé trop vite sur la composition de l’ouvrage, sur l’étrangeté de vos dernières pages, sur le rapport d’intimité presque immédiat qu’il crée avec son lecteur et le sentiment confus d’abandon qui empoigne quand on le referme.

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  2. Cher Alf,

    A l’écoute des formes et du multiple, les amis ont le temps pour géométrie et l’espace pour échange. Si aucune fermeture, aucun mur n’est susceptible de border leur l’horizon, c’est qu’ils fondent de la même sève - un peu humaine - ni liquide, ni solide, coulée visqueuse suspendue au-dessus des émotions.

    Merci, cher ami.

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