lundi 4 mai 2015

"L'historien et l'engagement", Nicolas Offenstadt & Kris, Salon du livr...




L’historien et l’engagement


Nicolas Offenstadt - 
Photo Le Chêne parlant 1er mars 2015

"Le métier de l’historien, c’est d’empêcher les confusions et de donner l’épaisseur du temps."

"L’histoire, un combat au présent."

Quelques phrases-clefs :


I Le socle du métier d’historien.

Il y a des technicités pour savoir lire un document.
Un document lisible n’est pas forcément facilement compréhensible.
Il faut pouvoir entrer dans la culture de ce dont on parle.  Il faut avoir des préalables pour pouvoir lire les documents d’époque.
Il y a toute une méthodologie pour lire les documents.

L’histoire n’est pas un récit, c’est une question. C’est un problème.
Sinon, vous êtes un chroniqueur. Vous racontez… L’histoire c’est répondre à un problème. Il faut avoir des éléments de contexte.
L’histoire, ce n’est pas un récit, c’est une question.
Quels sont les rapports de pouvoir ?
Comment fonctionne une société ?

Ce qui est en jeu est bien l’analyse. Un travail de réflexion.
Etre capable de travailler sur des documents originaux. De poser une question. De poser un problème.

Ensuite, il y a la réalisation.
Le métier de l’historien est de réfléchir… C’est un vrai artisanat…

La critique…
L’historien doit avoir une distance critique vis-à-vis des documents : Qui les a écrits ? Pourquoi ? Comment ?  Quels sont les enjeux ?
En quoi l’étude de ce document là présente un intérêt ? Apprendre à avoir un regard critique.

II Quelle validation d’un livre d’histoire ? 

L’historien est validé par les pairs, la communauté.
La notoriété peut constituer un handicap pour la carrière universitaire.

III Usage et mésusage de l’histoire : L’histoire… pour… quoi faire ?

Attention à l’usage intensif de l’histoire.
 Lire la lettre de Guy Môquet lors d’une cérémonie fige ce document.
Transformer une lettre en cérémonie publique. Sortir cette lettre (des programmes) pour en faire un instrument politique.
L’idée est de reconstruire du symbolique. C’est de faire du politique. L’histoire n’est pas faite pour être utilisée politiquement. C’est le retour du « National ». Le « National » est un élément pour cimenter les gens.
Ce sont des vendeurs de nostalgie. L’histoire n’est pas un produit marketing pour faire du « tous ensemble ».
C’est une histoire du coup, qui exclut. Il faut adhérer à une « histoire ». C’est le contraire de la critique.
« Les historiens sont là uniquement pour attester des faits » dit Henri Guaino.
L’historien n’est pas un antiquaire
Garder l’histoire comme un élément de discussion et non comme un élément d’adhésion.
On passe subrepticement d’une histoire critique à une histoire d’adhésion.


IV L’identité nationale.

C’est un concept politique. On peut parler d’identités au pluriel.
Qu’est ce qui fait la francité du néolithique ?
C’est quand la France ?… Je ne sais pas. L’histoire, c’est quelque chose de fluide.
Il ne faut pas confondre histoire et roman national.
Le roman national, c’est de faire croire que de toute éternité, les choses ont toujours été ainsi.

V Le rôle de l’histoire dans les rapports de pouvoir…

Les femmes avaient été les exclues de l’histoire.
Le rôle de l’historien n’est pas de rester dans sa tour d’ivoire mais de donner des armes aux citoyens…
Donner des armes aux citoyens, ça me tient à cœur encore aujourd’hui.


VI La tension critique de l’histoire.

C’est ça, le métier de l’historien, c’est d’empêcher les confusions et de donner l’épaisseur du temps.


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