mercredi 25 février 2015

Henri Matisse - L’insoumission des couleurs. Auditorium - Musée des beaux arts de Lille – 15 - 02 - 2015 Dominique Szymusiak



En partenariat avec Slow Classes



Merci de son accord gracieux &
de son élégante humilité. 


« Un tableau :  L'autre nom d'une réalité qui se prend pour un rêve. »*



« Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. »

Peut-on solidifier la peinture de manière plus glaçante, froide, neutre, banale, boueuse que cette définition de Maurice Denis ?

Autant réduire l’escarbille de rosée naissant au premier degré du printemps à une formule de décomposition de la matière. Autant enfouir l’amour sous des couleurs gouachées de règles, luisant de lois bornées par les barreaux de la raison.

Une soumission au réel, autant dire. 

Quand Henri Matisse, accompagné de son ami Signac, cherche à percer le mystère des associations colorées, à connaître ‘les règles des couleurs’ - nous explique Dominique Szymusiak lors d’une rencontre consacrée au peintre 1* - la technique se met au service de la précision. Matisse décide d’ « Aller chercher la lumière pour peindre la couleur » 1* Ainsi naît  « luxe calme et volupté », un Collioure en bord de mer, baigné de soir d’été. Une sortie du bain tout en tracé, sans tache, le rivage précis où la lumière pointilleuse du soir bleuté trame le ciel des corps dénudés de terres rosâtres.  



Site : "Aparences"  Art moderne - Luxe, calme et volupté - 1904 - 1905 - Henri Matisse.

Or, face à son œuvre, le peintre - loin de ses paroles prononcées face à une peinture de Goya « Alors j’ai compris que la peinture pouvait être un langage; et même qu’elle pouvait n’être que cela. » 3* - n’éprouve rien.
Le canif des couleurs loin de sculpter les courbes lamées de jeunesse, les charge, les empâte.   L’association des tons se systématise - symétrique, évidente, hybridée de pensées savamment calculées - et laisse tout regardeur dubitatif …  

La peinture serait donc un « Moteur de l’émotion » ?

                              Peut-être… Sûrement…  Pas que… 

« Expression et décoration ne sont qu’une seule et même chose... » cite Dominique Szymusiak se faisant porte-parole de l’artiste. 

Il s’agit d’« Ennoblir le plus humble sujet. » 2* 

 Qu’est-ce donc ? 
              Sinon « Remuer le fond sensuel de l'homme. » ? 1*




Les toits de Collioure - Henri Matisse
(Voir la vidéo à 10 minutes 54)

C’est bien le sens d’une autre de ses peintures consacrée à Collioure.  Vision où le rouge érigé d’un clocher scinde l’empire des couleurs en constellations étincelles,
bleus embrasés de lumière, 
où l'espace écaillé tuile l’horizon, 
              d’un carmin incurvé d’énergie, 
où les à-plats lancés dans l'énigmatique mouvement du ciel jettent sur la vie déclinante d’un village, les éclats juvéniles d’un monde tissé de sentiments.

Plongée en intérieur. 
    Arc jouant sur les rythmiques -
            Où la peau de l’espace à fleur de lumière,  
                                  Bande sa corde entre matière et énergie. 

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NOTES DE BAS DE PAGE


1* Matisse Auditorium- Musée des Beaux-Arts de Lille – 15 -02-2015
Dominique Szymusiak


* Raphaël Enthoven
Maison BALZAC – 2014 conférence

2* « Le privilège de l’artiste est de rendre précieux, d’ennoblir le plus humble sujet ».
Exposition les Ateliers » Artiste Galerie » Evénement
Dominique Szymusiak
Samedi 18 octobre à 18 h Matisse et les peintres du Nord
http://www.galerieagart.com/samedi-18-octobre-a-18-h-matisse-et-les-peintres-du-nord/


3* Citation reprise du site :
http://www.galerieagart.com/samedi-18-octobre-a-18-h-matisse-et-les-peintres-du-nord/
 « Une autre influence fut sa visite  au musée des Beaux-arts de Lille qui lui créa un violent choc émotionnel alors qu’il doute de sa vocation. « De la peinture comme ça j’en ferai, se dit-il devant les Jeunes et les Vieilles de Goya. Je sentais que dans cette voie j’avais un horizon ». « Dans mes débuts quand j’étais élève de l’école des Beaux Arts, je croyais que je n’arriverais jamais à peindre parce que je ne peignais pas comme les autres. Un jour j’ai vu les Goya de Lille. Alors j’ai compris que la peinture pouvait être un langage; et même qu’elle pouvait n’être que cela. J’ai pensé que je pouvais faire de la peinture » D’autres œuvres l’ont marqué profondément comme les tableaux de Rembrandt, la Descente de croix de Rubens, le triptyque de Grünewald dont il reprendra le rythme pour le chemin de Croix de la chapelle qu’il réalise à Vence en 1948. »



Avec Giacometti (explications intéressantes sur le portrait) Livre chaleureusement conseillé par Dominique  Szymusiak
http://www.editions-allia.com/fr/livre/688/avec-giacometti


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  1. Henri Matisse – La desserte rouge 1908

Matisse joue à l'intérieur sur l'extérieur des émotions, par des accords flamboyants épris de motifs faussement décoratifs, pleinement contrastés.


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Pour aller plus loin...

Présentation de ses recherches sur la couleur  avec Signac.


2* « Le privilège de l’artiste est de rendre précieux, d’ennoblir le plus humble sujet ».
Exposition les Ateliers » Artiste Galerie » Événement
 Dominique Szymusiak
Samedi 18 octobre à 18 h Matisse et les peintres du Nord
http://www.galerieagart.com/samedi-18-octobre-a-18-h-matisse-et-les-peintres-du-nord/

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La médaille de la légion d'honneur pour... par BEFFROI-VISION

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