Au détour d’un instant las, quand le mirage du monde
a fini par aveugler, quand le carburant du jour a brûlé sa dernière lueur,
quand le plomb leste du sourire coule à pic et la fatigue ride la surface des
pensées, quand – enfin - l’envie grimace et le désir demeure sur-place, restent
les livres.
Pas seulement la violence des lignes dissolvant la
glu - ce sécateur des mots brisant le cadenas des clôtures - pas seulement
Marguerite Yourcenar et son sublime œuvre au noir où…
« Une oie égorgée criaillait dans la plume qui
allait servir à tracer sur de vieux chiffons des idées qu’on croyait digne de
durer toujours. »* 1 où « Les tuiles laissaient passer la brume et
les incompréhensibles astres. »
Pas seulement ce glaive des mots dont la lame scalpe
l’acier et heurte l’abjection de couleurs au zénith,
mais les pages… d’une œuvre comme « l’homme qui
rit », la finesse d’un Victor Hugo…
Ces feuillets volants sous le segment des doigts, ce
papier soufflé à l’épaisseur du temps ; Le tourbillon des fibres où les
humaines déceptions craquent, tremblent et vibrent.
Subtiles touches où le frôlement est un rempart, la douceur
sépia une compagne de fêlures, où le souffle de l’air chahuté par l’effeuillage
habille les solitudes de présence.
Volume
invincible où l’on peut puiser, savourer, chercher, s’évader, flâner sans
jamais s’égarer.
Une tablette pourrait-elle jamais remplacer les volumes
des bibliothèques ?
oooooooooooooooooooooo
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RépondreSupprimer«La paille cède aux angles de leur rein»
RépondreSupprimerMinuscule étoile emportée par la vague du temps : – Y a-t-il aujourd'hui chez Ikea par exemple quelque chose qui ressemble à de la paille ?
– De la paille, mon sumac. De la paille. La paille qui recouvre la chaise. C'est quoi la paille qui recouvre la chaise ? – Des tresses d'épis, rien d'autre. Et dans ces tresses d'épis : des grains, rien d'autre. Des grains de blé, des grains de seigle, des grains d'orge qui fermentent, c'est tout.
– Vous les voyez les grains de blé, les grains de seigle, les grains d'orge fermenter : n'est-ce pas Virginie ? – Vous les voyez fermenter, bouillonner. Vous les entendez : ils bourdonnent. Les grains se préparent.
C'est pas tout.
Dans ces tresses d'épis où fermentaient les grains Virginie : il faut imaginer encore quelque chose. Il faut imaginer dans ces tresses d'épis où fermentait les grains : l'âme des vieux soleils.
C'est pas tout.
Maintenant, petite minuscule étoile emportée, il faut imaginer encore. Il faut que tu imagines l'âme des vieux soleils s'allumer. Imagine ça ma Virginie : l'âme des vieux soleils qui s'allume.
C'est pas tout.
Mais c'est la fin.
L'âme des vieux soleils s'allume mais pas n'importe comment : l'âme des vieux soleils s'allume : emmaillotée
Emmaillotée.
Ah, quel plaisir que de vous lire en ces triplets...
RépondreSupprimerLes épis, oui, figurez-vous qu'en ces matinales ocrées de gris, ils me tancent par cette petite mélodie entêtante :
"Épis de tous les pays, entendez-vous chaque matin le cri désordonné du cheveu en mal de peigne ?"
Hélas, nulle brosse ne répond à cet écho...
En conséquence, devrait-on implorer l'âme des vieux soleils ?
Le Chêne et les rayons des étagères