L’impopularité de Marie-Antoinette serait-elle due à ses dépenses somptueuses, à son caractère léger et primesautier ou à son refus de suivre une étiquette trop lourde ?
Grégory
Vroman, dans la conférence dispensée ce dimanche à l’auditorium du Palais des
Beaux-Arts pour les Amis des Musées, bouscule l’image habituellement attribuée
à la reine et nous dévoile des aspects peu connus du personnage. En effet,
Marie-Antoinette s’étant mariée à quinze ans, on peut comprendre l’immaturité
propre à l’adolescence de ses premières années à la cour. Autres faits pouvant
être crédités en sa faveur : ses désirs de préserver sa vie privée, de
développer une vie « naturelle » à la Rousseau et de rester proche de
ses enfants. Un mode de vie qui la rendrait plutôt sympathique de nos jours. Alors
qui aurait intérêt à discréditer la reine ? Qui pourrait la mépriser si ce
n’est une noblesse se sentant bafouée par un manque de considération envers
elle ? Les distances de la Reine s’avèrent, en effet, peu conciliables
avec les habitudes intrusives de la cour de l’époque. De fait, contrairement à
ce que l’on pourrait imaginer, Versailles était un lieu accessible à tout noble
de passage. Or, en faisant du Trianon un cocon privatisé, Marie-Antoinette dérogera
non seulement aux habitudes de cour mais délaissa une partie de
l’aristocratie d’une manière scandaleuse. En effet, sous son action, le Trianon
était devenu un antre où seuls des invités sélectionnés et porteurs du billet
rédigé « De par la reine »
pouvaient pénétrer. Autre pratique séditieuse, la reine supportant peu de
porter des robes lourdes et inconfortables, préfèrera leur substituer des tenues
dites « à la française » plus souples et plus légères. Une simplicité
inacceptable au sein d’une société pyramidale où l’apparat garantit la
distinction des sphères d’avec la base. Une démarcation signe de supériorité et
de noblesse indispensable au bon fonctionnement du système.