Au détour d’un instant las (quand le mirage du monde finit par aveugler), (quand le carburant du jour brûle notre dernière lueur), (quand le plomb leste du sourire coule à pic). En ce moment parenthèse où la fatigue ride la surface des pensées. A cet instant – enfin - où l’envie grimace et le désir demeure sur-place, restent les livres.
Pas
seulement la violence des lignes dissolvant la glu - ce sécateur des mots
brisant le cadenas des clôtures - pas seulement Marguerite Yourcenar à l’œuvre noire
où le scalpel des mots heurte l’acier et brise l’abjection de couleurs zénith, mais
les pages d’un « homme qui rit » où la finesse grimace l’horreur d’un
sourire figé… Alors aux contreforts de
la violence, s’adosse un cri… Vital, sans doute… Mais également fatigué.
Exténué. Un signe, une image hurlée aux creux des démences. Humaine résistance (silencieuse
mais non muette) en acte, qui frappe aux tempes ses ultimes battements,
infirmes tremblements, laissés en partage. Quelques fragments salutaires notés
d’une main impatiente. Armes solides faites de couleurs dorées à l’encre des
mémoires terreuses, souvenirs pouvant toucher les âmes radicales, ébranler
les certitudes de fer et ouvrir les esprits. Parcelles de fibres délivrées au creux d’un feuillet,
lignes gravées sous le serment des doigts, Rimbaud de papier soufflé à
l’épaisseur du temps ; tourbillon de fibres où les humaines déceptions
craquent, tremblent et vibrent au pas feutré des hésitations subtiles. Braises
de souche où le frôlement est un rempart, où la douleur sépia des tornades fond
le sable en brûlures. Souffle où chaque lettres fait de l’air chahuté, une
altitude habillée de présences.
Volume invincible où l’on peut puiser, savourer,
chercher, s’évader, flâner sans jamais s’égarer.