vendredi 9 juillet 2021

Embarqués dans cette Odyssée menant vers l’autre…

 

« Pulsations, modulations, alternances, rythme…

Sait-on jamais si vous commencez à parler de la musique

ou si vous achevez de parler de la nuit ? »

Vladimir Jankélévitch 1*

 

 Attrape-t-on jamais les fragrances puissantes et volatiles créées par les fleurs, les fruits, l’herbe fraîchement coupée, la menthe suave ? Le regard déchirant d’une âme perdue ? Les pleurs d’un enfant ?

 L’émotion fugace d’une présence, d’un parfum. Là. Sans pourquoi.

 Cet inconnu,  Qui est-il ?

Une réponse – un peu hâtive  - suggère d’écouter autrui comme la partition d’une voix divergente ; d’entendre dans ce concert de cordes, une mélodie désagréable, discordante ou merveilleuse – selon la vibration d’une différence, l’étrange palpitation d’une étoile lointaine. Autrement dit, la pulsation rythmique d’un soleil inaccessible, aux notes lisibles dans un ciel  sombre, celui d’une nuit dénuée de lune

                                                                                                           – un spectacle extérieur à soi, donc.

 Et si nous nous trompions ?

Si cette « musique du soir, [naissant] là où les formes deviennent vagues, où les mots se font murmure, [était faite d’une rosée non pas étrangère mais polyphonique ? Singulière certes, tel le spectre lumineux et irisé d’une onde mais à la fois tellement nous-même, miroir de nos propres vagues, brillant et évoluant sur la paroi rocailleuse de notre univers, là où] « les parfums, les couleurs et les sons se répondent »… »

Et si ces notes dénuées de liens en apparence, étaient faites de la même étoffe ?

« car c’est toute la musique, même la plus lumineuse et la plus ensoleillée, qui est nocturne en sa profondeur. » nous murmure encore le philosophe poète qu’était Vladimir Jankélévitch ;

 Après tout, les oscillations frissonnantes d’un Roland Barthes, d’un Montaigne, d’un Vladimir Jankélévitch, ne réveillent-elles pas en nous des sensations enfouies – les secrètes palpitations de mémoires à jamais liées ? Un savoir d’intensités mêlées – démesuré – offert aux âmes éprises de liberté, aux esprits écharpés de laves humaines, ivres de présences volatiles  et de parfums volcaniques ?

 Aussi, le carbone diamantin de ces myriades de constellations – lesquelles sont des constructions humaines, visions  composées et décomposées au timbre changeant de nos esprits – ne constituent-elles pas un miroir ? Visible pour qui veut bien lever le nez de Paris à Londres, en passant par Berlin.

Lueur  d’écrits vibrant de similaires tintements ?

                                                        Vibrations d’une  voûte céleste - unique, flottante et vertigineuse ?

 


 1* Quelque part dans l’inachevé, NRF, Gallimard. P 208

  2* Pierre Macherey, Proust.

http://philosophique.revues.org/277 P 86 : …Entre littérature et philosophie, éditions Amasterdam Paris- 2013 ISBN : 978-2-35480-127-4