La mécanique du cœur et de la création.
Yasmina Khadra et Karine Papillaud
Salon dulivre de Levallois
-26-02-17 -Photo Virginie Le Chêne parlant-
« Il n’y a rien
au-dessus de la vie. »
Yasmina Khadra.
Connaitre le prix de la haine, n’évite pas d’y sombrer.
Sentir le prix du sang, n’empêche
pas d’empoigner le métal, de déchirer les chairs et de goûter la dureté du fer.
Alors comment dépasser la logique
de la destruction ? Comment contrer la barbarie ? Vivre sans se
rigidifier ? Comment résister aux ténèbres ?
Pas facile.
Sortir de l’enfer – quoi qu’on en dise – n’est
pas qu’affaire d’affirmation et de volonté.
L’obstination tenace n’évite pas
les ratages du train en joie. Etre à l’heure sur le quai n’interdit pas de glisser sur le
marchepied.
« La littérature, confie l’écrivain
Yasmina Khadra à la merveilleuse journaliste Karine Papillaud, c’est ce qui
permet d’habiller la nudité du monde. D’ouvrir un véritable paradis. »
Avec Yasmina Khadra, on peut être
sûr, en effet, d’entendre les murmures oubliés, de percevoir les cris piétinés
et de sentir l’onde de choc des ébranlements ordinaires. Non pour s’en griser
mais pour poser une voix, plonger au fond des manques, être à l’écoute de
l’autre et – paradoxalement – venir à son propre secours.
Est-ce que la flamme de la
création commence tout au bas de soi ?
Pour le Yasmina Khadra «
Forgé par les épreuves » - celui placé dans une école militaire à neuf ans,
jeune enfant soumis aux brimades, pour
le bambin enfermé dans une caserne, réveillé à coups de pieds dès 5 heures du
matin, pour l’être à la tendresse orpheline courant pour trouver une place au
réfectoire, pour le solitaire exposé aux conditions précaires… sans aucun doute.
Yasmina Khadra n’a jamais baissé
les bras ni tenté d’oublier.
L’écrivain gagne tous ses combats
sur le ring de l’écrit.
L’humble guerrier ne veut pas
être otage de l’Histoire. Et s’il tourne la page, c’est celle du livre mettant la grande histoire à genou de la petite. Pour
lui, créer, c’est - déjà – ne pas céder. Romancer, c’est se dresser contre
l’infamie. .
Aussi, tandis que nous nous posons encore la question :
« Que fais-tu de cela ? Que fais-tu de ce motif de révolte ? Comment vas-tu aborder ce
sujet abjecte ?
Lui, observe. Goûte. Laisse
« la brise enlacer la sveltesse des chaumes ».
Fait de cet homme « accroupi
sur un amas de pierraille » un monde.
« Les coups durs, loin de nous terrasser,
nous rendent plus forts. » dit-il
encore. Ma vie a certes été un jalonnement de problèmes, de déboires, de
déconvenues… Mais la chose la plus précieuse au monde, c’est la vie. J’écris
dans un bonheur absolu. Dans la musique. Pour que les lecteurs dansent et
chantent avec moi.
L’Histoire, c’est nous,
ajoute-t-il avec ce sourire désarmant des âmes chaleureuses.
Dire ce qui a été, incontestablement,
avec Yasmina Khadra, est un acte de résistance.
Brandir le flambeau
de la plume est capable d’éclairer bien des ténèbres, en effet.
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Entretien avec Yasmina Khadra
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Entretien avec Yasmina Khadra
Je crois dans l’homme.
L’écriture a formaté ma personnalité.
L’écriture est une question de sensibilité. Une façon
singulière de voir le monde.
Tout vient de l’expérience.
Il faut aimer les livres. Le livre est une ouverture sur le monde.
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L’anecdote ne fait pas le détail mais tisse l’intense des
déboires, déconvenues, et autres de coups durs aux linéaments d’une vie
parsemée d’abjections.
« L'homme a un complexe d'infériorité
devant la femme, affirme Yasmina Khadra. L'homme, depuis tout petit, a pourtant
toujours été materné par elle. Même grand, c'est elle qui s'occupe de lui, qui
l'oriente... L'homme c'est l'incarnation de l'ingratitude. Pour lui prouver
qu'il a grandi... que fait-il ? Il essaye de la dominer. C'est une question
d'ingratitude. Ma mère a été de tous les combats et n'a jamais été heureuse plus
de cinq minutes. Jamais. Seulement cinq minutes. Parfois, étant croyant, je me
tourne vers Dieu et je lui dis : "Laisse-moi au moins la savourer pendant
une demi-heure. Laisse-moi la voir heureuse une demi-heure !"
Ces derniers temps, j'aime de plus en plus ma
femme... Même elle est étonnée... Sans la femme, jamais je n'aurais réussi
quelque chose dans la vie. Et les hommes s'ils sont malheureux, c'est parce
qu'ils n'ont jamais réussi à mériter la femme. Et je leur propose simplement
d'essayer d'être heureux aux pieds des femmes. C'est le meilleur endroit pour
accéder à la plénitude. Je le dis sincèrement. »
https://www.facebook.com/notes/1543358059247456/
RépondreSupprimerMerci à vous, cher Gaïagénaire,
SupprimerFrédéric Moreau a-t-il jamais vraiment aimé ? L’amour n’est pas un simple contact entre deux individus monolithiques, c’est un « et change ». De même, ces femmes vouant une haine à ce qu’elles ont – jadis – chéri, ne se sont peut-être pas laissées gagner par la lecture de la rencontre.