Francis Lalanne – De mémoire amoureuse
Francis Lalanne - Salon du livre de Bondues -
13-03-16 photo - Virginie Le Chêne parlant
« Le présent n’est au fond qu’un morceau de demain
Pris dans un reste d’hier,
et toujours à distance… » 1*
Si les êtres épris l’un de l’autre
ont tant d’intensité, c’est qu’ils sont de présence, d’espace et de clarté. Leurs
univers singulièrement pluriels sont sans distance - ni injonction. Leur paysage tout de matière est un enveloppement
à cercle ouvert où le doux sous la pierre cireuse propulse au bord d’un abîme
sans chute.
La simplicité n’est pas chez eux
synonyme de bêtise mais posée sans condition, d’une sincérité sans appel.
Les amoureux portent en eux la
valeur du sensible. Chacun de leurs faits et non gestes rayonnent, comme traversés,
touchés, habités d’évidences. Là une main passée dans les cheveux. Ici un
regard en lisière d’émotion. Un visage penché. L’esquisse d’un sourire. Un pas
fleurant le gravier. L’odeur bleue d’un
matin endormi. Le crépitement du bois, tout en escarbilles d’instants. Autant
de merveilles ordinaires si proches du sublime qu’on en sent l’enchantement
dans un charme mêlé de frisson.
Francis Lalanne - Salon du livre de Bondues -
13-03-16 photo - Virginie Le Chêne parlant
Le sublime, écrit le philosophe à la plume serrée de style,
Frédéric Schiffter, c’est « Lorsque,
confrontés à l’immensité du monde, nous mesurons la petitesse de notre être »…
Le nihiliste balnéaire poursuit : « ce que nous voyons n’est pas beau, nous dit Kant, mais sublime.
Sublime, par une nuit claire, la majesté de la voûte céleste étoilée. Sublime,
la succession, à perte de vue, des massifs enneigés. Plus sublime encore, les
chutes d’eau d’un torrent, un orage en montagne ou une tempête sur l’océan.
Mais que nous mesurions notre inconsistance face aux puissances naturelles ne
nous humilie pas. Au contraire, cela nous édifie. Sachant que c’est à nous, les
hommes, et à nous seuls, qu’il est donné de contempler la nature, même si nous
ignorons le sens de ce don, nous ne pouvons nous empêcher d’y voir une
élection. Devant ces spectacles, nous éprouvons un « sentiment de
jubilation mêlé d’effroi ». C’est en cela, en ce qu’ils nous invitent à
ressortir que nous ne sommes nés que pour être les témoins à la fois maudits et
privilégiés d’un monde où nous ne comptons pour rien, que Caspar David
Friedrich et William Turner s’affirment comme les maîtres du sublime. »
2*
Point d’humiliation donc, ni au
reste, d’effroi… mais une exception. Celle
où le « je » s’oublie, se dissolve en un « nous ». Celle d’une
osmose où chaque évènement a la densité d’une cathédrale, le moindre élément la
légèreté d’un cil.
Un grain de lumière, l’énergie
d’un soleil.
Une pousse, une connexion vers le
ciel.
Dans son livre « De mémoire amoureuse », Francis Lalanne nous
propose de parcourir cet espace ténu entre paroles et notes, où l’air solidifie
l’impalpable en le rendant visible.
« Lueur des calmes automnaux
En vague sur ta chevelure ;
Et ton regard ; et sa fêlure,
Entre les ambres matinaux…
Je ne veux pas qu’il fasse beau :
Je veux qu’il fasse une blessure !
Fouler sous mes pieds sans chaussures,
L’herbe humide à même la peau ! »
Sonnet 15, Francis Lalanne, De mémoire amoureuse, p 28.
Dans cette vidéo, le chanteur valse
avec les mots, nous offrant entre littérature et musique, une poétique
lumineusement touchante.
Merci de son accord gracieux.
Merci de son accord gracieux.
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La poétique Musicale "Schubert"
dialogue entre Ilivier Bellamy et Francis Lalanne
Merci de leurs accords gracieux.
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dialogue entre Ilivier Bellamy et Francis Lalanne
Merci de leurs accords gracieux.
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2* Frédéric Schiffter – Petite philosophie du surf – Milan 2005
– ISBN : 2-7459-1680-7
Bonjour Virginie,
RépondreSupprimerLe poème de ce jour vous est dédicacé! Et oui...!
Amitiés.
Merci de votre touchante attention, cher Nuage,
RépondreSupprimerDe même, un cadeau...
https://www.youtube.com/watch?v=2SDFOCPqgq0
Si l'émotion est prise pour de la bêtise, c'est qu'elle est sympathique. Mieux vaut écraser cette gêne sous la semelle que de se laisser bercer au son des sentiments, de se laisser contaminer par le sensible.
Belle soirée à vous, très amicalement, Virginie