« Nous vivons dans
l’oubli ordinaire de nos existences. » Raphaël Enthoven.
Raphaël Enthoven - Ollivier Pourriol -
Théâtre de l'Odéon
23-01-16 - Photo Virginie Le Chêne Parlant
A braquer plein phare certaines
œuvres. A surexposer certains points de culture comme passage obligé, point d’étude
courante. A focaliser sur les mêmes axes – dits classiques - de pensée, sommes-nous
sûr de ne pas nous rendre aveugles aux nuances ?
Par exemple Descartes…
Qui ne connait son fameux Cogito ergo sum… « Je pense donc je
suis. »
Et pourtant, au-delà des
apparences, sommes-nous certains d’avoir tout saisi, tout compris de la réflexion
riche et complexe du mathématicien philosophe ?
Raphaël Enthoven - Ollivier Pourriol -
Théâtre de l'Odéon
23-01-16 - Photo Virginie Le Chêne Parlant
Effectivement, à suivre la
conférence intitulée « René
Descartes, Pouvons-nous sortir de la Matrix ? » s’étant déroulée au
théâtre de l’Odéon le samedi 23 janvier 2016, à assister à l’échange pointu,
passionnant – et non moins plaisant et
léger des deux philosophes Ollivier Pourriol et Raphaël Enthoven - nous
voici « étonnés » – comme frappés par le tonnerre, rappelle
Ollivier Pourriol.
Ainsi, loin des idées reçues, poursuit
le spécialiste du cinéma, Descartes est un être d’affirmation et de risques. Un
homme pratique sur un fond d’actions permanentes.
Raphaël Enthoven - Ollivier Pourriol -
Théâtre de l'Odéon
23-01-16 - Photo Virginie Le Chêne Parlant
La preuve en actes :
Selon tous les pronostics médicaux
de l’époque – au reste, ne devrait-on point plutôt parler de prédictions ?
– le jeune Descartes atteint de faiblesse pulmonaire ne ferait point de vieux
os. Peu désireux de tomber sous le joug d’une mort prématurée – au reste, qui
le serait ? - bataillant contre son destin, le philosophe décida d’agir
avec vigueur. Moins par goût du combat – quoique – que par instinct de survie, l’agitateur
de pensées paradoxales opta pour une carrière militaire.
Effectivement, l’armée permettait
– temps béni - de se lever à midi - bien après, donc - les risques de
refroidissements matinaux. S’engager dans les troupes constitua donc pour René
Descartes un moyen de survie. N’est-ce point-là, finalement, une tactique de
premier ordre ? Une belle manière de prendre les armes ?
Ollivier Pourriol -
Théâtre de l'Odéon
23-01-16 - Photo Virginie Le Chêne Parlant
Mais revenons-en à notre cogito…
René Descartes, reprend Ollivier
Pourriol, doute de ce qu’il sait, semble tout remettre en doute… Tout ? Peut-être pas… Reste le doute. Si je pense, je suis. Je suis
une chose pensante. « Je pense donc je suis. »
Quel statut attribuer à ce
donc ?
Le créateur de Studio Philo répond. Il s’agit non pas d’une
conséquence logique, du résultat d’une
démonstration mais, ajoute-t-il en citant Deleuze, d’un « Cri de la
pensée. » Sublime expression ayant trait à une évidence... L’évidence,
poursuit-il – du latin video « je vois » - c’est le résultat d’une
vision directe de la vérité, ce cri de la pensée… Si je doute je pense -
si je pense, je suis.
Pour enfoncer le clou, il s’agit
d’un « Je pense » prouvant
l’existence de la pensée.
Certes mais peut-on être sûr, absolument
sûr de ne pas rêver ? Interroge le philosophe Raphaël Enthoven… Et
peut-être même, sommes-nous sûrs de ne pas tous faire le même rêve ?
« Etre vivant, c’est avoir
droit de choc. » Souligne Ollivier Pourriol en reprenant le philosophe
Alain.
Il s’agit, selon Descartes, de
dissocier le vrai du réel.
Le vrai il faut le prouver, le
penser, il faut l’entendre, c’est le résultat d’une production intellectuelle. Le vrai est l’indice de l’erreur. Sortir d’une
illusion permet de comprendre son erreur.
Le réel, quant à lui, se
différencie de la fiction. Sortir d’une séance cinématographique active, intense,
pleine de rebondissements, provoque
parfois la « Pénurie du réel. » au sens de Walter Benjamin. Autrement dit, la réalité dans sa quotidienneté
ordinaire, médiocre nous gifle sa fadeur à pleine pensée.
En outre, ajoute Ollivier
Pourriol, le réel nous donne des arguments concrets – pourrait-on dire - de de
son existence, des preuves de sa réalité.
Peut-on parler de présence ? Quoi qu’il en soit, ce dernier génère des
obstacles, blesse, percute.
Raphaël Enthoven - Ollivier Pourriol -
Théâtre de l'Odéon
23-01-16 - Photo Virginie Le Chêne Parlant
Et pourtant, pourrait-on ajouter,
l’abstraction, le savoir, ne sont-ils point d’un contact parfois aussi concret
qu’un toucher du réel ? Ce sont toutes ces velléités, ces actes indicibles
sur lesquels on bute : ici une pensée tétanisée, là une parole hurlée du
fin fond de la caverne des actions muettes, là encore la chute d’une phrase
écorchée sur le chemin rocailleux de la réponse coincée, bloquée, informulée. Crises
tétaniques de l’impuissance. Prisons des âmes trop cérébrales, contaminées de
sensible, vouées aux mots, encagées dans les barreaux de l’esprit.
Toutes,
Les cicatrices
silencieuses blessant l’esprit à vif.
Raphaël Enthoven - Ollivier Pourriol -
Théâtre de l'Odéon
23-01-16 - Photo Virginie Le Chêne Parlant
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